Lazare Bruandet est un peintre connu pour ses paysages des forêts proches de Paris, surtout celle de Fontainebleau. Il peint en plein air et préfigure ce qu’on a appelé « l’école de Barbizon » ou les « plein-airistes », comme aimaient à les surnommer certains critiques.
Bruandet était un habitué des cabarets, volontiers bagarreur, il était prompt à dégainer l’épée.
Le 21 janvier 1793, lorsque le couperet tombe sur la nuque de Louis XVI, Lazare est chez une maîtresse. Il s’enivre dans les cabarets de la ville en liesse. De retour chez lui, dans un accès de jalousie, il tue sa femme. Obligé de fuir, il se réfugie dans un prieuré en forêt de Fontainebleau.
Là, lui qui avait été un révolutionnaire convaincu et qui avait même participé aux combats de 1789, ignorant la marche de l’Histoire, refusant la folie meurtrière qui ensanglante les campagnes, il se consacre à la peinture, à la nature et fuit la laideur du monde.
Tout comme son héros amer et désillusioné de la tournure prise par la Révolution, Duchazeau nous dépeint une histoire des premières années de la République fort éloignée des images d’Epinal.
Le récit fait la part belle aux paysages, le dessin s’inspirant du style des gravures et de la peinture de la fin du XVIIIe siècle, un choix graphique qui s’accorde parfaitement au sujet.
À plusieurs reprises, Duchazeau suggère de son personnage qu’il représente les sujets de ses dessins plus jolis qu’ils ne sont en réalité. L’auteur fait sien ce principe, n’hésitant pas à tordre la logique graphique au profit de l’harmonie de la planche et de la fluidité de sa lecture. Ainsi, lorsqu’en plein milieu d’un combat, l’épée du duelliste change de main d’une case à l’autre, cela fait tiquer l’escrimeur en moi, mais, si le « réalisme » n’est pas là, c’est pour mieux privilégier la beauté du geste et respecter l’équilibre d’ensemble de la planche.
Au-delà de l’intrigue passionnante, cet ouvrage est une véritable réflexion sur l’Art et la création.
« Il faut apprendre à regarder la nature. Combien ne l’ont jamais vue, et ne la verront jamais. »
« Le peintre hors-la-loi » par Frantz Duchazeau – Casterman 20,00€